Marie Duru, membre du groupe local Oxfam, est chercheuse à l’Observatoire sociologique du changement (entre autres …), elle vient d’écrire « Pour une planète équitable » sous titré « L’urgence d’une justice globale » dans la collection La République des Idées au Seuil.
Elle termine son introduction par une « conviction » de Martin Luther King : « L’injustice où qu’elle soit, est une menace pour la justice, partout dans le monde ».
Marie Duru viendra le présenter et en débattre à la librairie Grangier le vendredi 31 janvier à 17h30, avec une animation du débat par Denis Cler.
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Pour une planète équitable.
L’urgence d’une justice globale
(entretien avec Marie Duru-Bellat)
Pourquoi
ce livre, et quelle est la thèse que vous défendez ?
Dans
tous mes travaux, la question des inégalités est essentielle, et
elle inclut la façon dont elles sont justifiées, notamment par
l’idéologie méritocratique. Cette question de la justification
des inégalités éclate évidemment au grand jour au contact des
pays les plus pauvres de la planète…
Ma thèse tient en une
phrase : les inégalités mondiales sont d’une telle ampleur
qu’elles risquent de rendre le monde tout simplement invivable. Il
faut donc s’y attaquer, non pas par pure charité ni même en
fonction de considérations de justice élémentaires mais pour
préserver notre planète et notre capacité à y vivre ensemble.
Que
les inégalités soient condamnables, qui le défendrait …
Cela
semble en effet évident. Pourtant, le contraste est spectaculaire
entre notre respect proclamé de la vie, et notre tolérance
tranquille au fait que dans certains pays, l’espérance de vie est
de 48 ans (en Sierra Leone), alors qu’elle est de plus de 83
ans dans d’autres (au Japon). Ces inégalités ne sont guère
perçues comme posant un problème majeur de justice, alors que,
comme l’écrivant en 1963, depuis sa prison, Martin Luther King :
« Injustice
anywhere is a threat to justice everywhere1. »
Pourquoi
parler strictement d’injustice ?
Pour
deux raisons essentielles. D’une part parce qu’une part
importante de votre revenu dépend du pays où vous avez la chance ou
la malchance de naître, alors que vos efforts et votre mérite
personnel revêtent un poids bien plus faible, ce qui nous interroge,
nous autres biberonnés à l’idéologie de l’égalité des
chances qui veut que chacun ait ce qu’il mérite…
D’autre
part, parce que tout débat sur la justice inclut (même s’il ne
s’y limite pas) un questionnement en termes de responsabilité. En
la matière, même si les points de vue divergent quant aux poids
relatifs des facteurs locaux et internationaux dans la pauvreté
mondiale, peu de spécialistes exonéreraient les pays riches de
toute responsabilité en la matière… On est donc bien fondé à
parler d’injustice, et ces questions sont largement débattues par
les philosophes anglophones qui se retrouvent sous la bannière de la
global
justice.
S’opposent
alors les « étatistes » et les « cosmopoliticiens »…
« L’injustice, où
qu’elle soit, est une menace pour la justice, partout dans le
monde. »
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