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jeudi 8 mars 2012

Le 8 mars et la Femme .. Communiqué de Najate Haïe


Communiqué de Najate Haïe

Candidate du Front de gauche

dans la 2e circonscription de Côte-d’Or

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Vive les luttes des femmes pour leurs droits !


À la veille de ce 8 mars, je souhaite évoquer la lutte des femmes pour leur émancipation et celle de l’ensemble du genre humain. Rien de tel pour conforter notre détermination que le souvenir de celles qui nous ont précédées et l’affirmation de notre solidarité avec celles qui se battent, comme nous, toujours avec le même objectif, l’égalité des droits. Ce fil rouge de la résistance à l’injustice qui nous lie les unes aux autres, par-delà les époques et les conditions particulières, nous rend plus fortes même si le chemin est encore long... Une juste cause finit toujours par triompher à plus forte raison si nous affirmons avec nos aînées, que de justes droits ne se mendient pas, ils se conquièrent, ils s’imposent !

Je me souviens d’Olympe de Gouges et de la première Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Olympe se battit pour nos droits comme elle lutta pour l’abolition de l’esclavage parce qu’en matière de droits humains et démocratiques tout se tient. Elle le fit par la plume et par le théâtre fondant sa propre troupe pour mieux convaincre. Olympe mourut sur l’échafaud en 1793 de la main d’une révolution qui dévore parfois ses enfants.

Je me souviens de Louise Michel, l’institutrice communarde qui porta avec ses compagnes et compagnons de lutte, la première expérience radicalement démocratique de l’histoire humaine. Celle de la Commune de Paris dont nous célébrerons l’anniversaire, le 18 mars, avec une marche et un grand meeting du Front de gauche à Paris, entre Nation et Bastille. Sous la Commune, tous votaient sans distinction de genre ou d’origine. Sous la Commune, tous les élus devaient rendre des comptes et étaient susceptibles d’être révoqué. La Commune ne dura qu’un peu plus de deux mois et les Versaillais la noyèrent dans le sang pendant la Semaine sanglante. Louise fut arrêtée et déportée en Calédonie où elle eut toutes les peines du monde pour imposer à ses frères de misère, déportés comme elle, le respect de plus malheureux qu’eux, les Kanaks. Oui, tout se tenait pour elle aussi, comme pour nous, partisans de l’humain d’abord.

Je me souviens de Marie Curie, l’immigrée polonaise, la physicienne qu’un misérable Guéant aurait peut-être expulsée au nom d’imbéciles quotas d’immigration. Elle fut une scientifique de premier plan par la volonté de l’intelligence, par-delà les obstacles et le mépris de certains de ses pairs parce qu’elle était femme et qu’elle leur faisait de l’ombre. Marie dénotait dans un monde, une Université qui avait eu le plus grand mal à accepter que les femmes puissent être les égales des hommes dans ce domaine comme dans tous les autres. Les lycées de filles ne furent institués en France qu’en 1880 par la loi Camille Sée et jusqu’en 1924 où l’on fusionna enfin les programmes, les filles ne pouvaient que se présenter en « candidate libre » au bac. Oui, l’école publique, celle de la République a été elle-même un lieu de l’inégalité sociale et des discriminations envers les femmes, envers les filles. Tout se tient encore.

Je me souviens de Rosa Luxemburg, immigrée elle aussi, Juive, Polonaise, Allemande et avant tout Européenne. Elle, la Spartakiste, fut la principale dirigeante de la Révolution allemande des conseils ouvriers de novembre 1918 après avoir été la résistante farouche à la boucherie de 1914-1918. Jamais elle ne céda sur la perspective des États-unis d’Europe qu’elle voulait socialistes, comme moi, sans en faire un préalable. Jamais Rosa ne céda non plus sur les impératifs démocratiques y compris quand elle exigeait de ses camarades Bolcheviks qu’ils convoquent une nouvelle Assemblée constituante si la précédente avait fait son temps. Rosa l’internationaliste inflexible, l’anticolonialiste qui se sentait partout chez elle « de par le vaste monde, là où il y a des oiseaux, des nuages et des larmes », comme elle l’écrivait joliment à une copine, de sa prison du Wedding à Berlin. Rosa, massacrée par les paramilitaires des corps francs en janvier 1919 mais Rosa dont se revendiquent aujourd’hui toutes les composantes du mouvement ouvrier européen.

Je me souviens solidairement de trois femmes. Elles se nommaient Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore, Irène Joliot-Curie. Elles furent ministres ou plus exactement sous-secrétaires d’État du Front populaire respectivement à l’Éducation, à la Santé et à la Recherche scientifique. Membres du gouvernement, comme les petites mains de la couture, comme les vendeuses des grands magasins, comme toutes les ouvrières, comme toutes les femmes de cette douce France, elles n’avaient pas le droit de vote. Il ne nous sera « accordé » qu’en 1945. Leur compétence associée à leur engagement contribua cependant de manière décisive à la reconnaissance de nos droits civiques.

Je me souviens d’Olga Bancic, juive roumaine, immigrée, morte pour la libération de la France et de l’Europe du joug nazi. Seule femme du groupe Manouchian, groupe communiste FTP-MOI, celui de l’Affiche rouge, Olga fut décapitée à la hache le 10 mai 1944 à Stuttgart après que ses compagnons de combat ont été fusillés. Les Barbares dans leurs criminelles entreprises distinguent encore les hommes et les femmes auxquelles ils réservent la mort la plus cruelle. Je souhaite que Dijon et d’autres villes se souviennent enfin d’Olga et de son combat à l’occasion du 8 mai prochain.

Je me souviens de Rosa Parks, la couturière afro-américaine qui osa, en 1955, à Montgomery – Alabama, USA – s’asseoir à l’avant d’un bus, endroit réservé « White only » et qui par ce simple geste, témoignage d’un courage hors du commun qui lui valut la prison, contribua à l’élan initial du mouvement pour les droits civiques outre-Atlantique. Rosa est décédée en 2005 heureuse que d’autres femmes, d’autres afro-américaines notamment, au premier rang desquelles Angela Davis, aient poursuivi le combat.

Je me souviens de Djamila Bouhired,toujours vivante et toujours active. Résistante algérienne atrocement torturée par les paras après avoir été une Française contrainte et de seconde zone, sans droits, comme tous les habitants de ces territoires colonisés où la République avait un visage grimaçant, celui de la répression et de la torture, celui de Papon et de Le Pen, celui de Massu et de Bigeard. À Dijon, nous honorons depuis quelques années déjà, le souvenir des victimes du colonialisme français dont beaucoup de femmes... le souvenir de plusieurs dizaines de milliers de civils tombés sous les bombes françaises à Sétif et Guelma le 8 mai 1945, le jour ou l’Europe se libérait enfin du nazisme.

Moi, fille d’un ancien combattant d’origine marocaine à qui l’on dénie toujours le droit de voter... Moi, Dijonnaise, à qui une obscure fonctionnaire de la préfecture proposa l’année de mes 16 ans de « franciser » mon prénom en Nadine ou Nadège plus présentable sans doute à ses yeux que celui de Najate... j’affirme que ces humiliations sont contraires à l’égalité des droits que nous revendiquons pour toutes les femmes, pour tous les êtres humains.

J’affirme ma solidarité avec Sakineh l’Iranienne, sauvée in extremis de la lapidation pour adultère par la mobilisation internationale. Toujours détenue, humiliée et sous la menace d’une exécution par pendaison parce que les brutes enturbannées de Téhéran n’ont pas renoncé. Ne l’oublions pas !

J’affirme ma solidarité avec Naamas l’Israélienne d’origine américaine, pas encore une femme ni même une jeune fille mais une petite fille de 8 ans... insultée, menacée sur le chemin de l’école par les « talibans » juifs orthodoxes de Beit Shemesch, à une trentaine de kilomètres de Jérusalem, parce qu’elle n’était pas habillée « de manière suffisamment modeste ». Ne l’oublions pas !

J’affirme ma solidarité avec les femmes américaines qui espéraient, comme s’y était engagé Obama, que leur contraception serait désormais prise en charge financièrement par leur employeur. Une autre confrérie, le lobby catholique, ne l’entendait pas ainsi et il a obtenu de l’administration US la reconnaissance d’un prétendu droit à l’objection de conscience qui permettra aux patrons catholiques de ne pas payer. Ne les oublions pas !

J’affirme ma solidarité avec toutes les femmes, connues ou inconnues, qui luttent de par le monde pour leurs droits, nos droits, ceux de toute l’humanité. Oui, la route est encore longue, mais rien ne nous arrêtera parce que l’égalité des droits pour toutes et tous est la condition de notre libération et de celle du genre humain. Sarkozy, Guéant, Le Pen et leurs semblables sont prévenus. Nous n’y renoncerons jamais ni pour nous, ni même pour nos filles et nos fils.

Vive les luttes des femmes pour leurs droits !

Vive les luttes des peuples pour leur libération sociale et démocratique !

www.najatehaie.centerblog.net

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